Série « Les ficelles du métier d’étudiant·e », épisode 1/5

Pour beaucoup des jeunes qui fréquentent notre établissement, étudier au quotidien ressemble à trois choses : aller en cours, digérer des contenus, passer des examens. Cela se diversifie un peu lors de l’avancement dans la scolarité avec l’apparition des projets et des périodes en entreprise, mais la philosophie reste la même.

Bien souvent, aller en cours amène à être au contact de divers contenus. Puis de participer à quelques activités de mise en pratique de ces contenus. La phase de digestion cache toute une complexité de tâches : mémorisation, appropriation, faire des liens avec d’autres notions, exercices, etc. Tout cela étant guidé par la perspective d’un examen cherchant à mesurer une maitrise sur ces sujets.

Lors d’un sondage faisant suite au premier examen de l’année, près d’un tiers des étudiants de ma classe évaluent leurs méthodes de travail comme « peu ou pas efficaces ». C’est dans ce contexte que je leur ai proposé une séance facultative pour aborder ces sujets. L’idée étant de leur donner un peu de matière pour faire évoluer leurs pratiques dans le cas où elles ne seraient pas satisfaisantes.

En quoi ce contenu peut-il être utile pour mes collègues profs ? J’y vois au moins deux bonnes raisons. Avoir soi-même de la matière pour faire face à des demandes d’étudiant-es vis-à-vis de leurs méthodes de travail. Permettre par la conception de ses cours l’émergence d’habitudes de travail qui soient favorables.

Ce qui suit est principalement tiré de :


Des méthodes de travail visant le progrès

La raison d’être de nos cours est de faire progresser nos étudiant·es. Je pense que l’on s’accorde dessus ! Par progrès, on désigne l’ampleur de la montée en compétences sur des objectifs de formation. Ce progrès peut se mesurer sur deux échelles :

  • La rétention : la propriété qu’à le progrès a été maintenu dans le temps. L’apprentissage est durable, il ne se limite pas aux périodes d’examen.
  • Le transfert : la capacité que l’on a de réutiliser ses compétences dans des situations variables, nouvelles. L’apprentissage n’est pas ancré dans un contexte restreint.

Les activités qui favorisent la rétention et le transfert sont menées tant en classe qu’en dehors des heures de cours. Certaines se prêtent bien à des temps d’autonomie, tandis que pour d’autres, la présence d’une personne expérimentée peut être bien utile. C’est le cas par exemple lorsqu’il est nécessaire de formuler des retours (ou feedbacks) mais ne grillons pas les étapes !

Après cette brève introduction, j’ai demandé aux étudiants de répondre à ces questions sur un morceau de feuille :

  • Avez-vous en tête trois de vos activités qui favorisent la rétention ?
  • Avez-vous en tête trois de vos activités qui favorisent le transfert ?

Ces questions pourraient aussi s’adresser à mes collègues profs :

  • Avez-vous en tête trois des activités que vous lancez en cours qui favorisent la rétention ?
  • Avez-vous en tête trois des activités que vous lancez en cours qui favorisent le transfert ?

Mettez ces réponses de côté pour plus tard : nous pouvons désormais rentrer dans le vif du sujet.

Les deux articles qui suivent aborderont les mécanismes qui favorisent mémorisation et transfert.

Le quatrième traitera la question des postures à prendre en cours. Nos étudiant-es ne se réduisent pas à des cerveaux rationnels. Ce sont aussi des corps, parfois fatigués, parfois un peu trop toniques à nos goûts. Mais aussi des émotions, et plus simplement des vies en dehors des quelques heures de cours où nous nous fréquentons. L’apprentissage ne peut donc pas se résumer à une longue liste de phénomènes neurobiologiques. Il est le résultat d’une optimisation de ressources limitées, notamment en temps et en attention, des jeunes qui suivent nos cours.

Un dernier article sera dédié plus particulièrement à cette question de l’attention.


Pourquoi ce titre au fait ? Un clin d’œil à une très chouette recommandation lecture de Matéo Sorin, Les Ficelles du métier. Dans ce livre, Howard Becker propose aux apprenti·es sociologues un éventail de réflexes de pensée à développer afin de formuler des hypothèses et de mener des analyses.
Ce livre m’a paru très étonnant. Ces ficelles ne sont pas d’une technicité hors d’atteinte, leur seule accumulation semblerait probablement évidente pour les personnes qui ont déjà une petite expérience en la matière. Elles sont accompagnées de divers exemples qui montrent leur puissance. L’ensemble permet de dégager des éléments théoriques de manière assez fluide.
Je n’ai pas la prétention de faire cela : ce qui suit est le résultat de quelques heures de travail, je ne maitrise pas le sujet, je n’ai pas des décennies d’expériences derrière moi. J’ai tout de même envie de croire que cela s’inscrit dans une démarche comparable : montrer comment quelques réflexes, très concrets et plutôt accessibles, peuvent ouvrir de nouvelles perspectives pour le temps que nous passons avec nos étudiant-es.

Vous avez probablement des choses à partager vis-à-vis de vos propres expériences. N’hésitez pas à investir les commentaires ou me contacter par mail !


2 réponses à « Apprendre à être étudiant·e ? »

  1. Avatar de Les clés de la mémorisation – Le Chaudron

    […] de progrès sans apprendre de nouvelles choses. Pas d’apprentissage sans mémorisation ! La mémorisation […]

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  2. Avatar de Une question de posture – Le Chaudron

    […] évoqué en introduction, l’investissement et la réussite dans ses études n’est pas qu’une question de mémorisation […]

    J’aime

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